Association des COSI

 

 
Qui est Caroline crochet ? Des RH à Paris à COSI à Nantes, en passant par l’Australie !

Dans cet épisode je vous emmène à Nantes à la rencontre de Caroline Crochet, conseillère d’orientation scolaire indépendante, ou COSI, depuis début 2024. Caroline nous raconte tout, depuis l’obtention de son bac, le choix de ses études supérieures, le stage incroyable qu’elle décroche en master et la belle carrière qui s’ensuit chez gdf suez. Pendant de nombreuses années, elle travaille dans les ressources humaines puis dans le service communication de cette grande entreprise. Après une parenthèse à l’autre bout du monde : une année entière en Australie, avec son conjoint, pour découvrir un nouveau continent et vivre l’aventure… Elle rejoint à son retour en France une école post-bac pour promouvoir les formations auprès des étudiants. Maman de trois enfants, caroline est aujourd’hui une COSI très engagée, humaine, bienveillante, chaleureuse et incroyablement organisée. Mais j’en ai déjà trop dit, allez place à notre échange.

Meriem Draman : Bonjour Caroline, merci beaucoup d’avoir accepté d’être interviewé sur mon podcast LES COSI CAUSENT. Tu es déjà la 4ᵉ COSI à te prêter au jeu des questions réponses et ça me fait très plaisir, je te remercie pour ta confiance. J’ai plusieurs questions à te poser tu t’en doutes, pour mieux faire comprendre ton activité de COSI au grand public déjà, aux familles qui nous écoutent et aussi pourquoi pas aux personnes qui ont envie de se reconvertir dans ce métier et qui se posent des questions sur notre quotidien, sur ton quotidien. Donc est-ce que tu es prête à jouer le jeu et à répondre à toute ma série de questions ?

Caroline Crochet : Bonjour Meriem et merci pour ton invitation, je suis ravie aussi de répondre à toutes tes questions, je suis prête.

Meriem Draman : Ah super, donc Caroline, tu es COSI depuis janvier 2024 donc ça fait environ si on arrondit un an et demi que tu exerces cette magnifique activité mais avant de revenir sur cette activité de COSI, j’aimerais que tu nous expliques un petit peu, pour les auditeurs, quel est ton parcours professionnel avant de devenir COSI. Quelles sont les différentes expériences que tu as eues ? Et puis même on va remonter encore plus loin tes études, parce que nous c’est notre matière, quelles sont les études que tu as faites ? Quel genre d’élève étais-tu ? Voilà un petit retour en arrière avant de décrire plus en détail ton activité de COSI aujourd’hui.

Caroline Crochet : Et bien si je remonte un peu les quelques années, je vais remonter peut être au lycée parce que je trouve que ce qui a été assez déterminant pour moi c’était l’arrivée au lycée. En seconde, j’étais une bonne élève mais sans trop savoir ce que je voulais faire, je pense comme beaucoup de jeunes de cet âge. Et je me souviens que j’avais suivi un peu les conseils de mes professeurs à l’époque qui m’avaient dit “Tu as des bonnes notes partout… Surtout ne te ferme pas de porte… Va en filière scientifique, c’est la voie royale…”. Et j’ai deux grands frères qui avaient fait aussi la voie scientifique également, donc je me suis dit “Bon, allez, pourquoi pas, je pars là-dedans”. Et puis je n’ai jamais été aussi malheureuse dans ma scolarité qu’en 1ʳᵉ et terminale S parce que c’était tout simplement pas fait pour moi. Même si je me débrouillais, je sentais bien que ce n’était pas naturel. Ce n’était pas ce que j’aimais. Du coup j’ai eu mon bac S, mais je suis sortie de là en me disant : “Alors pour la poursuite de mes études, j’ai envie d’aller un peu à l’opposé des matières scientifiques” et je suis allée en IUT Tech de co, donc unité technique de commercialisation. À l’époque, c’était encore en deux ans, et j’ai adoré ces deux années-là. Je me suis éclatée. Il y avait une super ambiance. C’était un peu ambiance école de commerce mais très conviviale, petite classe et puis les matières me plaisaient. Je trouvais que c’était beaucoup plus ludique donc je me suis vraiment amusée et c’était vraiment une bonne formation. Donc j’ai voulu continuer après mon BUT et ça m’avait donné envie un peu l’ambiance école de commerce mais c’est vrai que pour être complètement transparente : on était trois enfants, je ne voulais pas commencer à demander à mes parents de dépenser trop pour nos études. Je ne me voyais pas démarrer ma scolarité non plus avec un prêt étudiant. Donc on a essayé d’envisager des alternatives moins onéreuses, mais qui correspondaient quand même à mes critères et je suis partie en licence de sciences de gestion dans un IAE. Donc il y a les réseaux et les instituts d’administration des entreprises et c’est rattaché à la fac donc c’est l’université, c’est public mais sauf qu’on est dans des petites classes. Du coup c’est très qualitatif. Tous nos enseignants, c’étaient des professionnels qui exerçaient à côté donc les enseignements c’était extrêmement pédagogique, c’était d’actualité, toujours illustré avec des exemples concrets. Donc vraiment une formation au top. Et ce que je recherchais aussi dans les écoles de commerce : les stages, les programmes Erasmus, etc. Je l’ai trouvé à l’IAE. Donc j’avais des super stages, je suis partie deux fois en Erasmus. J’ai eu la chance de partir quand j’étais en master 1 aux Pays-Bas puis une année de césure entre le master 1 et le master 2 en Espagne. Et le réseau aussi d’alumni qui était très présent. Donc tout ce que je recherchais, je l’ai trouvé. Donc en fait j’ai trouvé que c’était vraiment un parcours peu onéreux et ultra-qualitatif quand même. Après il faut se donner aussi les moyens : il fallait travailler, il fallait aussi se décrocher ces stages… Mais je pense que c’est une très bonne alternative et je sais que j’en parle toujours aux parents dont les enfants ne voient qu’au travers des écoles de commerce, mais où clairement je sens qu’il y a des difficultés d’un point de vue financier, et bien je leur propose aussi ces alternatives-là qui sont très chouettes.

Meriem Draman : Et c’était quel IAE Caroline ?

Caroline Crochet : J’étais à Rennes, moi je suis bretonne.

Meriem Draman : D’accord l’IAE de Rennes. Parce que c’est vrai qu’on ne l’a pas dit en introduction, mais aujourd’hui, tu vis à Nantes.

Caroline Crochet : Oui, voilà, bah c’est pas très loin de la Bretagne.

Meriem Draman : Donc bretonne, IAE de Rennes. Après l’IAE, on le dit nous à nos élèves comme toi Caroline : c’est une excellente alternative, mais c’est sélectif. Il faut avoir un très bon dossier à la sortie de sa licence pour entrer en IAE.

Caroline Crochet : Exactement. Et moi, je m’étais spécialisée en ressources humaines en master 1 et j’ai fait mon master 2 à La Sorbonne. Donc je suis partie à Paris et c’était un master en gestion des ressources humaines avec une grosse dominante aussi en droit du travail. Pareil j’avais des enseignants d’une qualité vraiment exceptionnels donc j’ai adoré aussi cette année-là à l’université. Et après ça s’est plutôt bien enchaîné la fin de ma scolarité et le début de ma vie professionnelle parce que ma professeure de recrutement à l’époque à La Sorbonne proposait tous les ans un peu “le super stage” à l’un de ses élèves. Et donc j’ai décroché ce stage-là. Et c’était super parce que c’était dans l’entreprise Suez, donc dans le secteur énergétique, et c’était juste au moment de la fusion entre Suez et Gaz de France, donc c’était vraiment deux grosses entreprises qui allaient fusionner. Quand on est élève en ressources humaines, de vivre une fusion comme ça et faire son stage de fin d’études dans une direction des ressources humaines c’était passionnant donc j’étais ravie. Et j’ai été embauchée sur les tout premiers contrats GDF Suez directement à la fin de mon stage de fin d’études.

Meriem Draman : D’accord, donc une carrière dans les ressources humaines au début les premières années, c’est ça ?

Caroline Crochet : Oui, c’est ça. J’ai eu des expériences en cabinet de recrutement pour démarrer. Après quand j’étais chez GDF Suez, j’étais en charge des relations écoles, donc j’étais un peu à mi-chemin entre les ressources humaines et la communication. Je faisais tous les salons des écoles de commerce, des écoles d’ingénieurs, des universités, pour venir présenter mon entreprise, mes métiers et donner envie aux élèves de venir par exemple postuler chez nous plutôt que chez Total ou chez Areva. Et donc il y avait un côté où on était à rechercher le bon profil d’élèves selon nous nos besoins en termes de recrutement. Et en même temps, on était nous aussi dans la communication. On travaillait sur la marque employeur du groupe parce qu’on devait leur donner envie de venir postuler chez nous. Donc c’était cet équilibre-là entre RH et COM qui m’a beaucoup plu et surtout moi j’ai appris énormément parce que n’étant pas issu d’une formation scientifique, ingénieur,… dans ces métiers-là c’était que des ingénieurs, que des techniciens, donc j’ai appris énormément sur la connaissance des métiers, j’ai rencontré beaucoup de personnes pour être capable en fait d’en parler aux élèves et d’être un peu porte-parole de tous les métiers que pouvait proposer le groupe.

Meriem Draman : Ça a dû être passionnant effectivement vu comment tu en parles. Et tu es resté combien de temps alors ?

Caroline Crochet : Sur ce post-là, je suis restée trois ans et demi, presque quatre ans. J’aimais bien ce lien que j’avais justement avec les élèves déjà, même si j’étais de l’autre côté, j’étais côté entreprise, mais j’avais toujours cette dynamique avec eux de conseils qui me plaisait. Et puis après j’ai eu envie de changer. J’avais la chance d’être dans un groupe, une grosse entreprise qui permet d’évoluer en interne, de changer aussi bien de structure que même de métier et donc j’ai basculé après sur un métier de com pure. J’étais sur de la communication événementielle. Après j’ai fait de la communication interne où j’organisais tous les événements pour les collaborateurs de l’entreprise. J’ai fait de la com digitale aussi où je m’occupais du site internet. Donc ça a été très riche. J’ai découvert le métier de communicante sur le tas parce que ce n’était pas ma formation mais ça s’est fait par opportunité parce que je suis assez curieuse aussi de nature donc je trouvais ça chouette de découvrir en fait un autre métier, moi je trouvais ça Intéressant. Donc là on était en 2014. Je me suis mariée. Et puis on est parti en voyage de noce et on s’est dit “bon allez!”. C’était l’année de nos 30 ans, c’était la dernière année pour faire un visa vacances travail. On est parti un an en Australie. Donc on s’est fait une sorte de honeymoon ++ où après on est resté à Melbourne pendant un an. Donc on a cherché du travail au début dans nos domaines respectifs. On n’a pas trouvé… Et du coup on a travaillé là où ça embauchait, donc dans tout ce qui était hospitality en tant que serveur dans les cafés, les restaurants. On a fait ça pendant un an. Moi je me suis dit “Très bien, je travaille mon anglais, je rencontre du monde aussi”. En parallèle, je donnais des cours particuliers de français aussi, j’avais publié des petites annonces. Donc on a fait ça pendant un an, de toute façon c’était un visa d’un an, et on est rentré en France. Et bon changement d’ambiance radicale… On a vécu les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan un peu à distance quand on était en Australie et on est rentré dans cette atmosphère-là, assez anxiogène et c’était très dur… Du coup on s’est dit qu’on se voyait pas retourner à Paris et on s’est installé à Nantes. Ensuite on a eu notre premier enfant et à cette période-là de congé maternité, congé parental, j’ai fait un bilan de compétences. Je me suis tien c’est un bon moment, on se repose, on se demande ce qui nous plaît, ce qui est important pour nous. Et ce qui est drôle, c’est que ce qui est ressorti c’était quand même les ressources humaines (donc je me suis dit bon, je ne m’étais pas trop trompée à l’époque) l’enseignement (et là j’étais pas surprise non plus parce qu’on me l’a toujours dit sur chacun de mes posts) et le troisième métier c’était orthophoniste. Et ça, ça a été un vrai coup de cœur et j’ai failli vraiment me lancer dedans. J’ai fait des stages, j’ai accompagné plein de professionnels, je me suis vraiment renseignée de A à Z et c’était juste pas le bon moment parce que c’est quand même une grosse reconversion : c’est cinq ans d’études, c’est un concours qui est très compliqué, très difficile à avoir, et comme j’avais quand même des enfants en bas âge, je me suis dit cinq ans sans salaire, cinq ans où je me remets dans les études, où je me connais, je suis sûre que je n’avais pas quitté mon syndrome de la bonne élève et si je me remets dans les études je vais me remettre à fond et je savais que je faisais un peu une croix sur la vie perso et que j’allais passer à côté de ces années-là.

Meriem Draman : Et à l’époque tu n’as pas voulu, ou peut-être, tu n’as pas trouvé un poste un peu équivalent à ce que tu avais à Paris dans le département de la communication ou des ressources humaines dans une belle entreprise à Nantes ? Non, ça ne recrutait pas à ce moment-là ? Où tu avais envie de changer ?

Caroline Crochet : J’avais vraiment envie de changer. Sur les derniers moments quand j’étais en tant que communicante dans les entreprises que j’avais, des fois j’avais perdu un peu de sens. Je trouvais que c’était une profession qui était un peu dévalorisée aussi où on nous disait “Ouais la com vous faites des supports, des PowerPoint, un peu de paillettes” alors qu’en fait on passait un temps de dingue à comprendre ce que chacun faisait pour vulgariser et je ne me sentais plus trop à ma place et j’avais envie d’autre chose. Donc c’était plutôt quand même un virage. Et comme le métier d’orthophoniste c’était une grosse reconversion, je me suis dit tiens, pourquoi pas essayer l’enseignement qui était une autre piste aussi. Et pendant un an, je l’ai fait en mode vacataire où je faisais des remplacements. J’ai fait ça surtout dans des petites classes. J’étais essentiellement en maternelle et j’adorais ça. Ça été très agréable et ça m’a beaucoup plu. Mais je réfléchissais… Il y avait la dimension pédagogique qui me plaisait jusqu’à ce que je tombe sur une offre d’emploi où je me suis dit “Ah! C’est ce qui me plaît!”. C’était être responsable pédagogique dans une école. Donc cette fois-ci pour les plus grands : pour une école de commerce et j’avais en charge les masters. Et ce qui m’a plu c’était à la fois d’avoir une casquette RH, parce que je devais recruter tous les professeurs, tous les intervenants, tous les professionnels, donc ça c’était exactement ce que j’aimais faire. Et il y avait aussi la dimension pédagogique que je n’avais pas avant avec l’accompagnement des masters. Et ça, sur le papier, c’était un peu mon offre de rêve. Mais malheureusement, il y a un mais, un gros mais : il y a eu un management extrêmement toxique qui a envoyé la moitié de l’équipe en arrêt, en burn out, dont moi, et ça m’est tombé dessus comme ça, moi qui me suis toujours épanouie sur tous mes posts.

Meriem Draman : Tu es resté combien de temps dans cette école ?

Caroline Crochet : Je suis restée un an et demi et puis j’ai pris la décision de démissionner car c’était plus vivable. Et la leçon que je retire de cette très mauvaise expérience professionnelle, c’était quand même : j’ai pris ce temps-là pour moi, à nouveau de me dire : “Fais confiance à ton ressenti. Qu’est-ce qui est important aujourd’hui pour toi dans ton métier ? Sur quoi tu ne veux pas céder ?” parce que ça avait pris tellement de place aussi sur le personnel que là je me suis dit “Là j’ai envie de repasser du temps avec ma famille, d’avoir plus de liberté, d’autonomie aussi”. Et comme je te disais le syndrome “bon élève”: je m’étais vraiment investie, je m’engageais énormément dans ce que je faisais. Je passais beaucoup de temps pour me prendre une énorme claque en retour. Donc moi qui n’avais jamais envisagé l’entrepreneuriat, parce que j’ai un profil un peu averse au risque, je suis très sécure. Même si j’entendais tout le monde dire : “Je suis entrepreneur, je gère mon temps comme je veux, je suis libre!”. Moi je voyais le côté stressant de “Oui mais bon financièrement comment tu fais ? C’est-à-dire que tout repose sur toi ?” , il y avait ce côté-là qui me stressait et en fait comment j’en suis arrivée quand même au métier de COSI parceque c’était quand même ta question initiale…

Meriem Draman : Non non, ma question initiale, c’était vraiment que tu nous fasses un super zoom sur ta carrière avant de devenir COSI, et on y arrive.

Caroline Crochet : C’est vrai on y arrive. Et ce qui est rigolo c’est que, pour la petite anecdote, ça vient un peu de ma maman qui un jour m’écrit un message, qui me dit “Oh j’ai vu un article dans le journal : le métier de conseiller d’orientation scolaire mais indépendant, à ton compte, privé. Je te verrai tellement là-dedans”. Et j’ai lu l’article, je me suis dit tiens c’est intéressant, j’ai commencé à chercher…

Meriem Draman : « Ah ca existe ?”

Caroline Crochet : Oui “ça existe” exactement parce que je n’avais pas connaissance de ce métier. Et j’ai échangé avec beaucoup de personnes, dont certaines qui avaient suivi ta formation à l’époque, qui étaient sur Nantes. Donc j’ai rencontré des personnes, j’ai fait des visios avec plusieurs COSI et là je me suis dit : “Ah ça y est là!”. Je sentais que j’avais trouvé le métier qui me permettait de jongler avec mes différentes casquettes et qu’enfin toutes les pièces du puzzle s’assemblaient. Et en fait ça a changé un peu ma perspective, ma vision de mon parcours. Je me suis dit que plutôt que de voir mes différents changements de poste comme un échec ou de l’instabilité, et bien j’ai pris conscience que toutes ces transitions-là, ça avait été une opportunité d’apprentissage pour moi et de connaissance personnelle et de croissance personnelle. Et j’ai réussi à me dire que finalement, cette expérience-là ça m’apporté ça, ça ça m’a apporté ça, et quand j’ai exercé tel métier, je me suis dit : “Ça c’est bien pour moi. Ça me correspond. Ça j’en veux plus” et j’ai réussi à modeler tout ça et je l’ai retrouvé sur le métier de COSI.

Meriem Draman : C’est extraordinaire et qu’est-ce que tu le racontes bien en plus. Donc c’est grâce à ta maman, donc je la remercie, elle nous entendra, je pense qu’elle écoutera certainement l’épisode, qui t’a mis sous les yeux donc cet article et que tu t’es donc formé avec moi à l’époque et qu’aujourd’hui donc tu exerces cette activité de COSI. On va maintenant mettre le focus sur ce super métier de COSI : des petites questions d’abord sur ton quotidien. J’ai compris donc le déclic : c’était le moment idéal dans ta vie, dans ton parcours, c’était comme une révélation. Tu t’es dit : “C’est le métier qui va combiner un petit peu toutes les compétences que j’ai acquises”. Alors il y a le côté entrepreneur, tu vas nous en parler. Tes premiers pas en tant qu’entrepreneur Caroline, comment ça s’est passé finalement ? Est-ce que c’était si difficile que ça parceque tu avais l’air de dire que c’est ce qui t’inquiétait ? Pas le métier en tant que tel, mais plutôt ce côté “Tout va reposer sur mes épaules” comme tu dis. Raconte nous

Caroline Crochet : Le démarrage, pour t’expliquer, moi mes droits au chômage se terminaient au moment où je me suis lancée dans ce métier-là donc je n’avais pas du tout de budget, pas de réseau et donc je me suis dit : “Je dois faire tout toute seule”. Donc c’est vrai que tout ce qui est notamment création d’identité visuelle, faire sa com, ses cartes de visite, ses flyers, son site web : j’ai tout fait toute seule. Je ne suis pas du tout passée par quelqu’un.

Meriem Draman : Même le site web ? Bravo

Caroline Crochet : Et c’est là que je me suis dit: “Ah bah quand j’étais responsable de la com digitale, bon bah ça m’a aidée”, enfin c’est plein de petites choses comme ça. Et c’est vrai que du coup j’avais cette pression-là de me dire “faut que je réussisse tout toute seule” et ça c’était pas évident. Et puis ce qui a été pour moi le plus difficile, c’était de se faire connaître. Au début ça marche bien un peu avec ton réseau proche et puis à un certain moment, ça suffit plus. Il faut aller au-delà et là il faut passer dans le côté commercial, prospection… qui, comme beaucoup d’entre nous je crois, n’est pas forcément ce qu’on préfère, on est plus dans l’accompagnement. Donc la difficulté c’était ça et puis aussi d’aller outre son sentiment parfois de pas se sentir légitime. Et moi j’ai du mal à passer à l’action si ce n’est pas parfait selon moi. Et pourtant on gagne confiance, ca aussi je l’ai appris avec ce métier, c’est plus tu pratiques, plus tu gagnes en confiance, plus tu te perfectionnes. Et donc la petite phrase que je retiens c’est de se dire : mieux vaut fait que parfait et pas fait parce que tu dis que c’est pas parfait donc tu fais pas.

Meriem Draman : Ça c’est une phrase que j’aime bien répéter aussi. Je ne sais pas si tu connais TheBBoost, le podcast très connu d’Aline. C’est son mantra : mieux vaut fait que parfait. Et c’est vrai que c’est bien de vouloir s’appliquer, mais si on attend d’être parfait pour se lancer, on peut attendre longtemps. N’est-ce pas ?

Caroline Crochet : Ou multiplier les élèves pilotes

Meriem Draman : Exactement, multiplier les élèves pilotes, les élèves cobayes, effectivement. Donc dis nous, tiens on parle des élèves, aujourd’hui, quels sont les services que tu proposes en tant que COSI ?

Caroline Crochet : Le service phare, c’est le bilan d’orientation scolaire ou de réorientation parce que j’en ai eu aussi des postbac pour de la réorientation donc je trouve ça très intéressant aussi de reprendre les bases avec ceux qui sont déjà lancés. Et depuis cet été j’ai lancé un nouveau service qui est la préparation aux oraux. Je me suis formée auprès d’une superbe COSI que tu connais très bien : Marie Ricci.

Meriem Draman : Exactement, qu’on conseille à nos auditeurs s’ils ne la connaissent pas. Marie Ricci effectivement qui est COSI et qui propose également une formation.

Caroline Crochet : Sur justement préparer ces élèves à cartonner à l’oral et on se rend compte dans nos accompagnements que des fois on a des élèves qui sont brillants et patatras quand ils doivent parler d’eux, se vendre, avoir un discours structuré, capter l’attention de l’auditoire et bien il n’y a plus personne. Alors que tout ça, en fait, c’est de l’entraînement. On se rend compte qu’il n’y a pas de secret. Même quelqu’un qui semble parfaitement à l’aise à l’oral, derrière, il y a du travail, il y a de l’entraînement. Et je trouve ça aussi très valorisant, très gratifiant de voir la progression des élèves sur cette préparation-là. Donc là pour moi c’est un deuxième service qui est tout récent. J’ai lancé ça juste après les résultats de Parcoursup de cette année, pour ceux qui préparaient leurs oraux pour les écoles de commerce et d’ingénieur.

Meriem Draman : Donc tu as eu tes premiers élèves ou pas encore ?

Caroline Crochet : J’en ai eu un. C’était un élève que j’avais accompagné en bilan d’orientation scolaire à qui j’ai proposé ce service-là lorsque je l’ai lancé et que j’ai pu accompagner pour ces oraux pour les concours d’école de commerce.

Meriem Draman : D’accord. Et est-ce que tu proposes l’accompagnement personnalisé pour Parcoursup, ou pas encore ?

Caroline Crochet : Pas encore.

Meriem Draman : Pas encore. Petit à petit…

Caroline Crochet : Peut-être parce que c’est vrai que, on en parlera peut-être dans les prochaines questions, mais je cherche beaucoup aussi à diversifier parce que pour moi une des principales difficultés, en tout cas du métier, c’est d’être rentable, de pouvoir vivre de cette activité. Et pour moi c’est la plus grosse difficulté : c’est cette instabilité financière, de jamais pouvoir prévoir à l’avance combien on va pouvoir avoir d’accompagnement, le fait que le métier soit très saisonnier, où on enchaîne après une période très intense, très chargée, avec un gros creux qui peut durer quand même plusieurs mois. Bon là je me suis lancée il y a qu’un an et demi donc je n’ai pas encore le recul pour savoir est-ce que ça va aller vraiment de manière crescendo ? Est-ce que ça va prendre du temps pour se faire connaître ? Ou est-ce que ça risque toujours d’être un peu compliqué pour pouvoir en vivre pleinement à 100% ? Parce qu’aujourd’hui j’’exerce cette activité à 100%.

Meriem Draman : C’était une de mes questions d’ailleurs. Ok donc à 100% ?

Caroline Crochet : Exactement. Quand je me suis lancée, comme j’étais sortie de mon précédent poste, je me suis dit “je me mets dans cette nouvelle activité” et je voulais tout donner. Je voulais être disponible à 100% pour maximiser mes chances que ça marche bien, d’être vraiment focus là-dessus sur le démarrage. Et donc j’ai voulu poursuivre mais c’est vrai qu’aujourd’hui c’est la plus grosse difficulté : la rentabilité de l’activité.

Meriem Draman : Et comment tu trouves tes clients Caroline ? Quels sont tes différents canaux de communication ? Comment ils savent que Caroline Crochet est COSI, installée à Nantes, est-ce que tu travailles uniquement en présentiel ? Uniquement en distanciel ? Est-ce que tu as un format hybride ? Voilà dis-nous tout.

Caroline Crochet : Majoritairement en présentiel parce que c’est vrai que c’est beaucoup de familles nantaises qui me contactent et j’apprécie particulièrement le présentiel. Mais j’ai déjà eu plusieurs fois des accompagnements aussi en distanciel d’élèves qui étaient dans d’autres villes de France. Donc je propose les deux, même si pour le moment, c’est plutôt le réseau nantais qui me contacte. Comment je trouve mes clients… Comme je te disais ça a démarré avec mon réseau personnel, mon ancien réseau professionnel aussi : des collègues que j’avais qui m’ont confié leur enfant. Ensuite ce qui a pas mal marché c’était aussi un groupe Facebook “Les petites nantaises” : j’avais fait un post sponsorisé sur ce réseau-là et très souvent les mamans cherchent “Oh mon fils ou ma fille est complètement perdue. Je cherche une conseillère d’orientation”. Et puis là j’ai des mamans que j’avais aussi accompagnées qui me recommandent donc ça, ça marche bien. Le bouche-à-oreille marche bien. Les anciens parents que j’ai accompagnés parlent à leurs amis et disent “ah bah c’était super”, donc ça, ça fonctionne. Et puis j’avais aussi fait des flyers que j’avais distribués dans les maisons de mon quartier, autour des gros lycées de Nantes… Au niveau des canaux aussi j’avais essayé la presse parce qu’il y avait eu plusieurs COSI de notre promo qui avait pu bénéficier aussi de bonnes retombées, mais ça n’a jamais pris à Nantes. Alors je fais passer le message dans les auditeurs : s’il y a des journalistes nantais qui seraient intéressés pour parler de notre métier et des accompagnements qu’on peut proposer, je serai ravie parce que jusque-là, je n’ai pas eu l’occasion de pouvoir parler de notre métier.

Meriem Draman : Ah oui donc tu es allé toquer à leur porte mais tu n’as jamais eu de retour ?

Caroline Crochet : Oui jamais.

Meriem Draman : Incroyable, c’est vraiment étonnant surtout que c’est une très grosse ville avec une vraiment une grande communauté. Tes services pourraient intéresser tellement de parents à Nantes, et ailleurs d’ailleurs. Mais tu sais ce qu’on dit Caroline ? Persister, recommencer, ça finira bien par interpeller un journaliste, j’en suis sûre.

Caroline Crochet : La persévérance paye toujours.

Meriem Draman : Oui ne baisse pas les bras ! 2025/2026 un article dans la presse ! D’accord donc on a fait le tour des différentes manières dont tu trouves tes clients aujourd’hui. Ca fait un an et demi que tu exerces cette activité. Donc tu nous as dit que le plus dur finalement c’est ce côté rentabilité, prévision aussi sur le futur, on ne sait pas forcément combien d’élèves on va accompagner chaque mois quand on démarre Caroline, on avance un peu à l’aveugle. Tu peux te rassurer en te disant qu’au bout de, ça dépend des personnes, mais au bout de deux ans, peut-être trois ans, une fois que tu seras connu dans ta ville, quand un parent recherchera une COSI, le nom de Caroline Crochet reviendra de plus en plus souvent et là tu auras des demandes entrantes beaucoup plus régulières. Mais le plus dur c’est les premières années. Et c’est aussi pour ça qu’il y a beaucoup de COSI qui abandonnent les premières années parce qu’ils se disent “ça prend trop de temps”. Et le secret c’est vraiment de persévérer, mais je crois que tu l’as compris et je suis très confiante pour l’avenir te concernant.

Caroline Crochet : Ce qui est peut-être aussi une autre des difficultés du métier : c’est de finalement repartir à zéro à chaque fois où on doit retrouver des nouveaux clients systématiquement, c’est un peu du one-shot. C’est pas comme si on allait les suivre pendant très longtemps. On fait le bilan, bon des fois on peut faire un parcours sup derrière et des fois on a la chance d’avoir la fratrie ça c’est super, mais ensuite ils volent de leurs propres ailes donc on repart à zéro et on doit rechercher des nouveaux clients. Donc c’est vrai que quand on a vraiment zéro appétence pour la prospection, la dimension communication et commerciale, ça peut être dur aussi.

Meriem Draman : Et tu nous as pas dit, est-ce que tu es présente sur la toile, sur les réseaux sociaux ? Est-ce que tu travailles aussi ce canal ou tu ne l’aimes pas beaucoup ?

Caroline Crochet : Ce n’est pas ce que je préfère mais je suis présente sur LinkedIn. Donc je publie quand même de temps en temps sur LinkedIn. J’ai préféré choisir ce canal-là parce que je suis plus à l’aise sur le fait de communiquer avec les parents, parce que pour moi de toute façon c’est quand même plutôt les parents qui vont pousser leurs enfants à faire cette démarche d’accompagnement et qui sont décideurs. Donc je ne me voyais pas m’adapter à un style de communication pour toucher les lycéens directement donc LinkedIn ça me convient bien. C’est le canal que j’ai choisi pour les réseaux.

Meriem Draman : Ok, c’est une bonne décision, un bon choix. D’ailleurs, je te vois souvent communiquer et je recommande à nos auditeurs d’aller suivre Caroline Crochet sur LinkedIn et de commenter ses publications.

Caroline Crochet : Merci pour ton soutien.

Meriem Draman : Dis-moi Caroline, pour ceux qui t’écoutent en ce moment et qui sont tentés de franchir le pas, qui se demandent : “Tiens, est-ce que j’ai les qualités requises ?” Qu’elles sont selon toi, les trois qualités humaines indispensables à avoir si on veut se lancer dans cette activité ?

Caroline Crochet : La première qualité qui me vient en tête, c’est l’écoute. Pour moi c’est quand même la base du travail et de tout accompagnement. C’est vraiment cette écoute et cette empathie. Ensuite, je dirais aussi la pédagogie parce qu’il faut savoir aussi expliquer les choses, vulgariser des fois les filières d’études, les passerelles, c’est souvent compliqué, ça peut faire peur. Le fait de rendre ça tout simple, d’être le plus clair possible, la plus transparente, ça c’est vraiment un point fort. Et aussi d’amener des fois certains sujets avec pédagogie justement quand on suggère une filière aux parents qui n’était peut-être pas envisagé. C’est dans l’art de communiquer. Et la dernière qualité qui me semble indispensable, c’est l’adaptabilité. Pour différentes raisons parce que déjà il faut savoir jongler entre les différentes compétences qui sont requises quand on se lance dans l’entrepreneuriat. Donc on jongle entre différentes casquettes, mais l’adaptabilité aussi par rapport aux élèves, aux différents profils que l’on va rencontrer, aux parents. Le fait d’appréhender aussi certains secteurs, certaines filières qu’on ne connaît pas toujours, parce qu’on ne connaît pas tout. On apprend à chaque fois des nouveautés donc il faut toujours s’adapter. Et puis aussi s’adapter aux évolutions parce que ça évolue constamment : les filières, les métiers, les formations, les nouvelles réformes, voilà faut s’adapter aussi.

Meriem Draman : Et d’ailleurs, comment tu restes en veille Caroline ? Comment tu fais en sorte de pas louper une information importante ? Quels sont tes petits tips peut-être à nous partager ?

Caroline Crochet : Je suis le fil de Meriem Draman, la référence dans l’orientation scolaire et qui nous tient à la pointe de l’actualité.

Meriem Draman : Ce n’était pas préparé chers auditeurs. Non ça me touche mais c’est vrai que j’essaye d’avoir l’œil. Moi aussi j’adore la pédagogie et la transmission comme toi Caroline donc c’est vrai que quand tu te parles je me reconnais. Donc merci pour mon premier canal d’information, et à part ça ?

Caroline Crochet : Après c’est vrai que déjà on a la chance de faire partie d’une superbe association : l’association des COSI, où on reste formé en continu avec toutes les conférences, les interviews sur différents sujets, sur différentes filières d’études… Et tout ça nous permet de nous maintenir aussi dans l’actualité, d’être à jour, de pas décrocher de tout ce qui se passe parce que ça bouge vite, très vite. Donc ça c’est le gros plus, c’est vrai que je le mets dans ma petite pochette de formation continue via l’association des COSI.

Meriem Draman : C’était mon petit moment de gloire. Merci Caroline c’est génial et ça me touche beaucoup que ce travail que je fais, bon là c’est une parenthèse, en plus de la formation soit tellement apprécié. Et c’est pour ça qu’avec toute l’équipe du bureau, on continue et on fait ça avec plaisir. Quand on a des retours comme ça de COSI satisfaits qui n’ont pas forcément besoin finalement d’aller chercher ailleurs l’information, on peut toujours bien sûr aller lire des articles, rester en veille, s’informer via des médias, etc. Mais au moins grâce à l’association aussi avec toutes ces conférences mensuelles, vous restez au courant des informations importantes.

Caroline Crochet : Exactement. Et je trouve que c’est un canal aussi qui est plus ludique et plus agréable parce qu’on est tous ensemble, parce qu’on peut partager, parce qu’on peut réagir et poser des questions du coup c’est cibler, c’est personnalisé par rapport à nos attentes, à nos besoins aussi et c’est ça qui rend le fait de se maintenir en veille de manière plus agréable que de toujours regarder “bon alors qu’est-ce qui se fait ? Je regarde la presse”… C’est une autre façon d’apprentissage moi qui me corresponds bien.

Meriem Draman : Tant mieux. Dis-moi Caroline dans notre beau métier de COSI, quelle est l’activité qui te plaît le plus dans notre quotidien ? Et celle qui te plaît le moins ?

Caroline Crochet : Ce qui me plaît le plus c’est vraiment ce sentiment d’exercer un métier d’utilité publique. Comme je te le disais dans mes précédents postes, pourquoi j’avais quitté la communication aussi : c’est que des fois je perdais un peu de sens. Je ne me sentais pas forcément ultra-utile. Et là je sais que ça répond à un vrai besoin et ça c’est ultra-gratifiant. Le fait de découvrir à chaque fois : un nouvel élève, son parcours, son histoire, sa famille et lui apporter, ou leur apporter parce que la famille est présente aussi, la clarté, la sérénité, les aider à dédramatiser, à déstresser, c’est très concret. Et ça, moi, ça m’apporte beaucoup et je me dis que de les aider aussi à développer cette compétence qu’est l’orientation. Tu devras toujours apprendre à t’orienter toute ta vie. Ce n’est pas juste là tu es en terminale, tu devrais t’orienter pour tes études postbac. Plus tard tu voudras te réorienter, peut-être changer de métier, ou même changer de métier au sein d’une même entreprise ou d’une autre entreprise. C’est de les aider à gagner confiance en eux dans un avenir qui est parfois un peu incertain, un peu anxiogène, et de les aider à révéler leur potentiel, les voir reprendre confiance en eux ou les soulager d’un poids parce qu’ils arrivent des fois avec une grosse pression. C’est tout ça qui moi enrichit mon quotidien et qui fait que j’aime ce que je fais et je me sens parfaitement à ma place dans ce que je fais.

Meriem Draman : Belle nouvelle. Et qu’est-ce que tu aimes le moins ? À part peut-être, comme tu disais tout à l’heure, le côté un peu… pas anxiogène mais de pas pouvoir prévoir notre chiffre d’affaires mensuel. À part ce côté, ou à moins que ce soit ça qui te gêne le plus après tout, mais est-ce qu’il y a autre chose que tu n’aimes pas beaucoup dans notre métier ? Ou pas encore, ça fait qu’un an et demi.

Caroline Crochet : C’est rare que je puisse dire de manière totalement honnête : “J’aime mon métier” parce que je pense que j’ai jamais pu le dire vraiment à 100%. Il y avait toujours des petites choses dérangeantes. Non vraiment ce qui est difficile pour moi, et on va pas revenir dessus, mais cette incertitude financière c’est ça qui me coûte le plus dans mon quotidien. Mais sinon je dirais peut-être le côté prospection. De toujours : allez on recommunique, on repart à zéro, on revend, enfin c’est pas on se vend nous en tant que personne, c’est plus notre service. Et finalement quand on est convaincu des accompagnements qu’on propose, on n’a même plus l’impression de le vendre. On en parle naturellement, spontanément, comme si on recommandait un super resto ou des vacances quelque part donc ça vient plus naturellement dans la conversation. Donc peut-être ce côté commercial.

Meriem Draman : D’accord. Et dis-moi alors tout à l’heure tu parlais des jeunes que tu accompagnes, que tu apprécies le plus, découvrir leur quotidien, leur parcours, les écouter, les faire parler, les aider à mieux se connaître… Est-ce que tu as une histoire en particulier à nous partager, un accompagnement avec un jeune qui t’a particulièrement marqué ? Est-ce que tu en as une ?

Caroline Crochet : Oui, j’en ai deux qui me viennent rapidement à l’esprit. La première, c’était une jeune fille en seconde. C’est la toute première élève que j’ai accompagnée donc forcément elle aura toujours une place particulière dans mon cœur. Et cette jeune fille, elle hésitait beaucoup entre les voies plus artistiques/design ou scientifiques. Mais elle s’était mise plein de barrières et elle se disait qu’en fait, cette voie d’ingénieure c’était encore trop masculin, que ce n’était pas pour elle, qu’elle n’allait pas y arriver… Et en fait, au fur et à mesure de l’accompagnement, elle a pris confiance en elle. C’est une élève qui avait complètement les capacités de le faire. Et rien que de la rebooster par rapport à ça, et de se dire “Bah si en fait je peux m’orienter dans cette voie-là” : elle a réussi à se décrocher des stages exceptionnels dans un institut de cancérologie à Nantes, dans un laboratoire à l’école de Centrale Nantes, elle faisait partie d’un programme de la Fondation l’Oréal “les filles et la science” pour sensibiliser les jeunes filles à la science. Et elle a pris confiance petit à petit et elle s’est lancée là-dedans et j’ai trouvé ça super.

Meriem Draman : Extraordinaire. Je comprends que l’histoire de cette jeune fille t’ait marquée. Et tu voulais nous partager une autre histoire ?

Caroline Crochet : Oui un jeune homme cette fois-ci, un garçon qui était en première. Et lui, il avait un peu cette pression involontaire de ses parents qui voulaient bien faire quant à ses choix de spécialité pour qu’il ne se ferme surtout pas de porte, et donc il faisait un peu une fixette sur les maths “Il faut que je choisisse les maths, les maths, les maths…” alors que lui, il aspirait complètement à autre chose. Pareil, il s’en sortait très bien dans les maths, mais lui il voulait partir dans les études sciences politiques, c’était son truc. Et ce qui a été super, c’est que je me suis rendu compte que ce qu’il avait en tête c’était un projet complètement réaliste par rapport à son niveau scolaire et parfaitement en adéquation avec son profil et sa personnalité. Et lors de la restitution, en fait ça a fait l’unanimité auprès des parents, qui se sont dit : “mais oui bien sûr, en fait ça lui va vraiment bien. Ce n’est pas forcément ce à quoi on avait pensé mais c’est lui”. Et j’ai aimé que ce garçon-là que j’ai accompagné, m’a dit : “moi je suis l’aînée de la famille et je fais aussi ce bilan d’orientation scolaire pour mes petites sœurs parce que j’ai envie de faire passer ce message-là à mes parents, qu’ils peuvent nous faire confiance aussi.” Je l’ai trouvé très mature pour son âge. C’était un très bon moment. Il y a des moments comme ça aussi lors des restitutions que je trouve très agréables quand des fois on voit une certaine complicité entre les parents et les enfants où les parents découvrent une autre facette de leur enfant où ils disent : “Ah oui, c’est vrai” et ça je trouve ça super. J’aime bien aussi ce moment avec les parents.

Meriem Draman : Moi aussi, c’est vrai qu’on fait un super job, d’utilité publique comme tu l’as très bien dit, c’est vraiment bien trouvé Caroline. Avant de passer à la fin de l’interview, je ne voulais pas oublier de te poser la question suivante : Tout à l’heure, tu disais que, pas forcément pour te démarquer, mais aujourd’hui tu proposes le service phare destiné aux jeunes, le bilan d’orientation, et que depuis cet été donc tu as lancé un nouveau service de prise de parole en public pour les accompagner aussi à être très performants pendant leurs entretiens et leurs oraux donc ça c’est une excellente nouvelle. Comment tu fais pour te démarquer ? Donc tu as ces deux services, d’ailleurs tout le monde ne les propose pas, quelle est ta marque de fabrique Caroline ? Qu’est-ce que tu aimes qu’on dise de toi en fait après un accompagnement ? Qu’est-ce que les familles disent de toi selon toi ?

Caroline Crochet : Là où je suis satisfaite, c’est que finalement le retour des familles : c’est un peu mes valeurs que j’ai envie de faire passer. C’est-à-dire que je suis très engagée dans ce que je fais et je mets autant de cœur que de méthode dans mon travail. Et souvent, ce qui ressort dans les feedbacks des parents, c’est toujours cet équilibre entre le professionnalisme, où c’est très clair, c’est carré, c’est concret, c’est structuré, tout en étant très chaleureuse et accessible. Donc souvent on me parle d’une approche méthodique et personnalisée, humaine et pragmatique, professionnelle et bienveillante. C’est toujours cet équilibre-là, et qui me plaît parce que c’est vrai que c’est ce que je veux. Je veux que ça reste toujours du travail de qualité. Je suis vraiment dans le personnalisé, dans le sur mesure, c’est de la dentelle que je propose aux élèves que j’accompagne, mais tout en ayant ce sentiment d’avoir passé aussi un moment agréable où j’étais à leur écoute, où ils se sont sentis vite à l’aise, en confiance. Donc c’est cet équilibre-là que je recherche et souvent pour se démarquer je pense que ça passe aussi beaucoup par le feeling. Souvent moi quasiment toutes les séances découvertes se transforment en fait en accompagnement parce que ça passe bien. Et je pense aussi que peut-être ce qui est un plus pour moi aujourd’hui, c’est la diversité de mes expériences à la fois scolaires et professionnelles. J’ai testé différentes formations post bac en ayant fait le BUT, en ayant fait l’IAE, en ayant fait l’université, et puis après dans mon parcours professionnel d’avoir fait RH, d’avoir fait com, d’avoir fait l’enseignement… Et tout ça, finalement ça m’amène dans une position où je sais de quoi je parle concernant l’orientation. Je sais ce que c’est de faire des choix. Et je me prends souvent en exemple pour les élèves que j’accompagne en disant : “Moi je suis une parfaite illustration de ma vision de l’orientation. C’est pas une ligne droite. C’est pas une destination. C’est un chemin.” Et souvent ça permet de relâcher un peu la pression et ils arrivent plus facilement à se projeter en disant : “Ah bah elle sait de quoi elle parle puisqu’elle l’a vécu elle-même aussi”.

Meriem Draman : Je comprends pourquoi tu as décidé de faire de l’accompagnement à l’oral Caroline. Tu t’exprimes tellement bien. On boit tes paroles. C’est tellement bien raconté que je suis sûre que tu vas faire beaucoup d’heureux parmi tes élèves. Et on sent toute la chaleur humaine. On sent l’authenticité, toute cette bienveillance quand tu parles et c’est vrai qu’on a vraiment envie de te confier son enfant. On se dit qu’il va être entre de bonnes mains parce que tu coches toutes les cases. Bon alors dis-moi, on entend beaucoup parler de l’IA. Chaque semaine on voit sortir de nouvelles plateformes sur l’orientation scolaire qui se base sur l’IA, sur les nouvelles technologies. Est-ce que toi c’est quelque chose qui te fait peur par rapport à notre métier ? Est-ce que tu penses que notre métier va disparaître dans quelques années, emporté par une vague d’intelligence artificielle, où ça t’empêche pas de dormir, tu es confiante sur la pérennité de notre activité ?

Caroline Crochet : Je suis ni confiante ni en panique. Je suis plus un peu frileuse d’une manière générale à me mettre dedans. Je ne sais pas, ça doit être mon côté un peu vintage où je trouve que c’était mieux avant, mais l’IA je m’en sers uniquement à titre personnel dans le sens vraiment basique. Par exemple, je rédigeai déjà un post pour LinkedIn et puis je vais demander à l’IA limite de le corriger ou de l’optimiser mais jamais de le rédiger à ma place. Donc finalement ça ne me fait pas gagner tant de temps que ça… Ou par exemple quand j’ai rédigé tout mon rapport de bilan d’orientation scolaire où j’ai déjà mes pistes en tête, et bien je vais aussi consulter l’IA pour dire : voilà le profil de l’élève, voilà ce qu’il aime, voilà ses moteurs, etc… “Qu’est-ce que tu en penses pour les voies d’études postbac ?” Souvent je retrouve mes voies donc très bien. Ça vient plus me conforter finalement dans mon choix. Ou des fois si j’hésite pour une troisième voie que je peux proposer, je me dis : “Ah celle-là pourquoi pas, ça peut être intéressant”. Donc je m’en sers, mais finalement c’est plus pour confirmer certaines choses, peaufiner, mais jamais remplacer complètement parce que je reste dans cette optique de vouloir faire du personnalisé, du sur-mesure et c’est ce que je vends et donc je veux garder vraiment quand même la main mise dessus. Après je pense que notre avenir il est quand même plutôt optimiste. Je suis plutôt optimiste par rapport à notre métier parce que ça reste un métier profondément humain et c’est ce que viennent rechercher aussi les parents dans l’accompagnement. Ce n’est pas juste trois voies comme ça. C’est tout ce qui va avec. Et le fait d’inculquer justement cette compétence orientation au jeune ça passe par tous les échanges qu’on peut avoir et qu’il n’y aura pas via l’IA. Donc oui ça va peut-être se transformer un peu, il faudra travailler, faire avec, mais de là à ce que notre métier disparaisse, je n’y crois pas.

Meriem Draman : Oui. Les métiers de l’accompagnement humain, je pense, ne devraient pas disparaître. Que ce soit le coaching, le conseil en orientation scolaire ou en insertion professionnelle, il y aura toujours besoin d’un vrai échange en face à face. Je vois que j’ai la même utilisation de l’IA que toi. En toute transparence, je dois faire exactement les mêmes choses que toi. Quel outil utilises-tu, juste pour nos auditeurs ?

Caroline Crochet : ChatGPT.

Meriem Draman : C’est ChatGPT ? Ah ok, bon voilà parce que je sais qu’il y en a d’autres…

Caroline Crochet : Oui. Et Perplexity aussi.

Meriem Draman : D’accord, Perplexity. Ah je n’ai jamais utilisé Perplexity… Moi je suis fan de ChatGPT, j’ai la version pro, pour comme toi optimiser mes écrits. Jamais les écrire à ma place, je me l’interdis. Mais les optimiser, les améliorer… Pourquoi s’en passer finalement puisque ça existe ? Mais c’est toujours moi qui changera un mot parce que je trouve que le mot n’est pas à sa place, pour corriger les fautes, pour éventuellement restructurer… C’est vrai que ça reste un outil très utile. Très Bien. Dis-moi Caroline, on va parler un petit peu de l’orientation scolaire dans les collèges et les lycées. On a encore eu là récemment des nouvelles concernant certaines réformes qui vont être mises en place, à voir si elles perdurent avec le nouveau ministre qui va être nommé prochainement… Toi si tu avais une baguette magique, allez soyons fous, qu’est-ce que tu aimerais changer dans l’orientation scolaire au lycée ? Peut-être pas au collège. Est-ce que par rapport à ta première année et demie d’exercice, en voyant tous ces élèves que tu accompagnes, est-ce que tu t’es dit : “Je ne comprends pas qu’au lycée il n’y ait pas ça”. Si tu étais ministre de l’Éducation nationale, qu’est-ce que tu changerais ?

Caroline Crochet : Alors je me dis quand même que ce qui pourrait être chouette c’est de rendre obligatoire le bilan d’orientation scolaire à tous les lycéens. Tout simplement.

Meriem Draman : Oh là là, c’est vrai ça serait une excellente nouvelle. Alors “obligatoire”, payant ?

Caroline Crochet : C’est là toute la difficulté. C’est-à-dire, ce serait pour qu’ils puissent bénéficier tous d’un accompagnement de qualité, personnalisé. Je trouve ça dommage que tout le monde ne puisse pas en profiter et en bénéficier. Donc subventionner… Je ne sais pas comment ça pourrait fonctionner après, mais une aide… Ou en tout cas, ça pourrait nous aider à instaurer une collaboration qui soit plus saine et complémentaire entre les psychologues de l’éducation nationale et les COSI. Si on prend une décision comme ça, ça pourrait nous aider, enfin, à collaborer tous ensemble joyeusement, sans se marcher sur les plates bandes les uns les autres. Mais ça, ça pourrait être top. Et je me dis aussi que ce qui irait dans un peu le même esprit, je pense que ce serait bien de récompenser ou de valoriser les élèves qui vont multiplier les expériences professionnelles, des rencontres avec des professionnels pour se dire “voilà, je me mets en mode acteur de mon orientation et pas juste j’attends qu’on me donne tel métier c’est ça, tel métier c’est ça”. Et ça me fait penser à une intervenante qui avait participé au sommet de l’orientation, qui est organisée par Lou Durand, c’est Clémentine Duriez qui s’occupe de l’agence d’attractivité des métiers et elle elle s’est dit : “Je vais tester tous les métiers qui existent avant d’être moi-même en retraite”, c’est son objectif de vie. Et je trouve que des supports comme ça, ou comme le partenariat qu’on a développé avec My Job Glasses… Je voudrais vraiment pousser davantage à ce qu’ils testent parce que c’est vraiment en testant, c’est en rencontrant, c’est en pratiquant, même ne serait-ce qu’un peu, qu’on arrive à affiner, qu’on arrive à se projeter et que du coup on arrive à retrouver du sens et de la clarté dans son orientation. Et si c’était valorisé, je sais pas comme une matière comme une autre, si on valorisait les élèves dans cet apprentissage-là, de faire cette démarche de se renseigner et de tester, d’expérimenter, ce serait chouette.

Meriem Draman : Bon, je vote pour Caroline. Allez Caroline ministre de l’Éducation nationale. C’est un doux rêve mais ça serait tellement beau. Qui sait peut-être dans quelques années… Si l’association se démène… Bon on va y aller petit à petit mais c’est vrai que je n’aurais pas dit mieux Caroline. Rendre obligatoire le bilan d’orientation dans le cursus de l’élève dans sa scolarité, au moment où il le désire, avec des aides pour les parents effectivement, basées sur ce qu’ils gagnent, aussi basées sur leur imposition. Si un ministre nous entend… Bon ben écoute cette interview se termine Caroline. On a vraiment fait, je pense, le tour de la question. Mais je ne vais pas te laisser partir sans faire un petit tour côté coulisses. Est-ce que tu veux bien nous partager trois petites choses qu’on ne sait pas encore sur toi, évidemment, et qui donnerait un petit côté encore plus humain à la Caroline qu’on vient d’entendre.

Caroline Crochet : Je dirais que ce qui me caractérise bien, c’est que je suis un peu la référente dénicheuse de bonnes adresses. Par exemple pour trouver un petit resto, pour déjeuner entre copines, pour bruncher en famille, pour déguster un petit café… En général je suis toujours celle qui propose des nouvelles adresses dans les copains. Donc ça, ça me caractérise plutôt bien. Alors c’est à la fois une qualité peut être professionnelle et personnelle, mais je suis organisée mais +++ et donc je le pousse un peu des fois au max. Pour chaque vacance que je fais, je prépare un tableau Excel avec tout ce qu’on fait : les kilomètres, les destinations…

Meriem Draman : Ah oui impressionnant !

Caroline Crochet : Tout en laissant une part d’imprévu dans les vacances mais c’est vrai que j’adore que tout soit super bien organisé. Et même je prévois tous mes repas le week-end pour toute la semaine. C’est l’anticipation. C’est mon côté un petit peu control freak, dont j’ai du mal à me séparer. Sinon moi j’aime bien les petits plaisirs simples. Je suis bretonne, j’adore marcher au bord de la mer. J’adore me prendre un petit livre, posé tranquille dans un hamac. J’aime beaucoup faire du vélo aussi. Je suis toujours à vélo, je ne me déplace jamais sans mon vélo. Et la danse aussi, j’aime beaucoup la danse. Donc après la référente dénicheuse de bonnes adresses, je suis aussi attitrée chorégraphe pour tous les mariages de mes amis. J’organise toujours la chorégraphie pour tous les copains, la chorégraphie surprise pour tous les mariages des copains.

Meriem Draman : Donc tu as une âme artiste aussi. Je sens que chez toi il doit y avoir du conventionnel et de l’artiste, n’est-ce pas Caroline ? Parce que ça, ça parlera à ceux qui sont passés par la formation, ou en tout cas qui connaissent le RIASEC, mais tu as un côté que je découvre, c’est vrai qu’on n’a pas assez le temps d’échanger pendant l’année, mais donc ce côté très carré, très structuré, je le suis aussi mais là je pense que tu me bats à plate couture, et ce côté artiste, chorégraphe, attiré par les arts de la danse. Donc ça cohabite très bien j’ai l’impression chez toi ?

Caroline Crochet : Oui oui mon RIASEC c’était ça. C’était le conventionnel social/conventionnel et à égalité je crois que c’était artistique et entreprenant.

Meriem Draman : Comme quoi ces tests sont assez justes. Bon et bien merci beaucoup Caroline. C’était vraiment un grand plaisir de t’accueillir à mon micro. J’espère que les auditeurs ont apprécié notre échange, ont qu’une envie : c’est aller regarder ton site internet, ton linkedin et j’espère que tu auras des appels, des demandes de séances découvertes une fois que cet épisode sera publié. Je te souhaite le meilleur pour 2025/2026 et je te dis à bientôt en conférence.

Caroline Crochet : Merci beaucoup Meriem et puis vraiment le plaisir était plus que partagé.

Meriem Draman : Au revoir

Caroline Crochet : Au revoir. À bientôt.

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